Le covid : nouvel adversaire du sport mondial

Si en 2020, l’inconnue du covid-19 a forcé les compétitions sportives à arrêter leurs saisons au milieu de l’année. La suite de la pandémie a vu les fédérations et organisations sportives s’adapter face aux mesures sanitaires différentes selon les Etats et les vagues du covid. Si la nouvelle saison 2021-2022 était celle de tous les espoirs, de la reprise de compétition normale, mais la 5e vague du covid les a très vite réduit en cendre. En effet si les supporters ont pu, avec chance, voir les stades de nouveaux pleins, les nouveaux décrets gouvernementaux ont limités les stades ouverts à 5000 places et les salles à 2000. Quelle stratégie le sport adopte-t-il contre le covid ? Quels sont les enjeux avec lesquels les fédérations doivent jongler ?

Commençons par l’actualité du moment : Novak Djokovic devient le symbole des divisions profondes entre pro et anti vaccin dans le monde. Le tennisman serbe ne voulant pas se faire vacciner contre le covid 19, sa participation à l’open d’Australie en janvier était compromise. Après avoir assuré avoir pu recevoir une dérogation spéciale selon les règles sanitaires du gouvernement australien : avoir eu le covid dans les 3 derniers mois ou avoir une preuve de problèmes médicaux empêchant la vaccination. Cependant arrivé à Melbourne, le visa de Djokovic est refusé, il est retenu dans un centre pour migrants en attendant qu’il puisse prouver à un juge une attestation de covid datant de moins de 3 mois. Si Djokovic ne s’est pas exprimé sur le sujet, ces avocats défendent que le tennisman a été infecté le 16 décembre 2021. La cour a jugé les preuves recevables, Djokovic a pu rejoindre ce lundi son hôtel en attendant une dernière autorisation dee Canberra. Le cas Djokovic montre les difficultés du sport à s’adapter à la pandémie. En effet, s’il ne lui aurait pas été difficile de louper la compétition, les enjeux sportifs en ont décidé autrement. En remportant Roland Garros en 2021, Djokovic est aujourd’hui détenteur de 20 titres du grand chlem, ce qui le place à égalité de prix du grand chlem avec Nadal et Federer. Favori pour cet Open, s’il participe, Djokovic pourrait remporté plus qu’une seule victoire, une place de premier dans le tennis mondial. Enfin, la présence de Djokovic, comme des stars du tennis mondial, est capitale pour les organisateurs du tournoi car se sont eux que le public attend. L’année 2021 a été la première année où la fédération internationale de tennis a été en déficit, celle-ci espérait donc capitaliser sur la rivalité entre les 3 rois du tennis mondial pour vendre des places, importante source de revenu. De plus si l’organisation du tournoi affirme que l’exemption de vaccination dont a pu disposer Djokovic a été accordée par un panel de médecins ayant analysé les dossiers de façon anonyme, le peu d’exemptions accordées, le flou de la procédure australienne, et les nombreuses questions non résolues interrogent sur l’équité entre les sportifs.

La question de la vaccination des sportifs n’est pas réservée au tennis. En NBA l’obligation vaccinale des joueurs date de septembre 2021, il en est de même pour la fédération de football américain, cependant les amendes contre les non vaccinés, joueurs disposant de fausses attestations vaccinales posent des questions d’équité. Il semblerait que ces amendes sont moins importantes pour les joueurs stars. En France, l’obligation vaccinale est pour l’instant obligatoire pour les compétitions internationales, mais pourrait le devenir pour les sportifs, selon les règles des ligues et fédérations. En rugby, les clubs pourraient arrêté de payer les salaires des joueurs non vaccinés.

Ces obligations si elles ont pour but de diminuer la propagation, notamment face aux importants déplacements des sportifs, mais cette obligation, notamment, dans les sports collectifs tente aussi de limiter les cas de covid parmi les joueurs, qui peut impliquer le report, l’annulation de matchs, voire la défaite sur tapis vert de l’effectif covidé. Si les règles dépendent fortement d’une fédération à l’autre, d’un pays à l’autre, tous doivent jonglé entre le calendrier, les cas de covid et les règles gouvernementales. L’annulation, avec la défaite pour l’équipe covidée est parfois la seule solution alors que les calendriers des sports sont remplis. En rugby, l’organisation de la coupe d’Europe à trancher en ce sens, ne pouvant disposer de week-end supplémentaires dans les agendas des clubs français, italiens, britanniques et irlandais, elle a cependant du reporter certains matchs entre les clubs français et anglais, à cause de la fermeture des frontières de l’Angleterre en novembre. De plus le report de certains matchs du top 14 (championnat de France) aura pour conséquence de jouer ces matchs en période de matchs internationaux, donc de jouer ces matchs sans de nombreux joueurs pour certains clubs. Dans certains sports, dans lesquels les joueurs peuvent enchaîner plusieurs matchs par semaine, la question du calendrier est un peu moins difficile à résoudre. Le report soulève aussi la question de distribution pour les chaînes ayant les droits des compétitions.

Si certains clubs, très peu victime du covid s’agacent des reports, se retrouvant à devoir jouer des matchs à des dates moins intéressantes pour eux, alors qu’ils ne sont pas responsables du report, l’enjeu qui doit primé est la santé des joueurs, avec des calendriers de plus en plus resserrés, des préparations de plus en plus longue, la nécessité de jouer autant de matchs sur la fin de l’année a de quoi inquiéter.

Enfin, la rentrée 2021 avait réjouit supporters, clubs, et joueurs de voir enfin les stades enfin pleins. Après 1 demie saison annulée et une saison avec des jauges, ou à huit clos, les images des stades pleins et des supporters heureux nous avaient rappelé le rôle social important qu’exerce le sport. Qui n’a jamais ressenti la ferveur du stade entier lors du but décisif ? Qui n’a pas ressenti l’angoisse des supporters lorsque le score est serré ? Encore qui n’a pas hurlé lors de la victoire, emporté par l’énergie de tout un stade ? Mais ce début d’année a vu le retour des jauges dans les salles ou les stades. Si la perte économique pour les clubs est donc importante, la perte sociale pour tous l’est bien plus. Le sport rassemble, apprend, passionne, mais aussi s’adapte.

Le match n’est pas terminé, et les prolongations semblent infinies, mais dans cette situation, dans un match où les 2 équipes se rendent coup pour coup sans qu’une ne réussisse à prendre l’ascendant sur l’autre, l’adaptation de la stratégie est la clé pour enfin faire plier l’adversaire.

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