Nuit du rugby : un match sans enjeu
Si il y a bien un endroit où il est plus difficile de reconnaître les joueurs de rugby qu’à la fin d’un match pluvieux alors qu’ils sont tous boueux, c’est bien à la « Nuit du rugby » ! Ne vous méprenez pas la soirée n’a de nuit que le titre car commençant à 19h30 et terminant à 21h, sûrement pour permettre une 3e mi-temps digne de ce nom !
Les joueurs affichent tous le même air gêné, dans les mêmes costumes, cravates, jeans, baskets. Seul petit détail : la couleur de la cravate, ainsi le stade toulousain était remarquable avec ses cravates rouges. Les équipes de maquillage avaient cependant fait un travail de titan : on a enfin pu découvrir le visage de Gregory Aldritt sans œil au beurre noir ou pommette ouverte, par contre rendre Will Skelton souriant était un défi trop difficile. Cependant la troisième mi-temps a sûrement du avoir raison de la bonne volonté des maquilleurs/euses.
La soirée, présentée par Isabelle Ithurburu et Mr Poulpe, parrainé par le boxeur Tony Yoca, était aussi peu enthousiasmante que le match Toulon-Perpignan du week-end précédent, finalement l’heure s’explique sûrement par la nécessité de ne pas endormir le public, et surtout le président de la Ligue nationale de rugby René Bouscatel.
La soirée avait donc autant de suspens qu’un match d’Agen la saison dernière. Le seul a avoir eu l’air surpris c’est Melvyn Jaminet, qui n’avait pas préparé son discours pour l’oscar de la meilleure révélation, premier à monter sur scène. Une belle émotion qui montre que même si chaque week-end on joue contre des mecs plus grands et plus costaux que soit, on peut être angoissé lorsqu’il s’agit de recevoir un magnifique « presse agrume » (Artus) sur la scène de l’Olympia.
Romain Poite avait lui l’air beaucoup plus à l’aise dans l’exercice, alors qu’il recevait l’oscar du meilleure arbitre pour la sixième fois. En même temps pour une fois que les meilleurs joueurs du top 14 l’applaudissent au lieu de venir se plaindre de ses décisions, ça doit faire du bien !
Pour la meilleure joueuse de l’équipe de France féminine à XV, Marjorie Mayans nous a montré que jouer au rugby ne rime pas avec perdre la totalité de ses capacités cérébrales. Enfin une qui avait préparé son discours : un magnifique hommage au XV de France et au rugby féminin en général, et elle nous donne envie de les suivre lors de la coupe du monde de rugby féminin en octobre 2022 en Nouvelle-Zélande !
Sans beaucoup de surprise non plus, après une recherche d’un lien farfelu entre Formule 1 et rugby, le prix du meilleur staff de pro D2 a été remis au staff de Perpignan, seulement représenté par Christian Lanta, alors que l’ensemble du staff du stade toulousain était présent pour aller chercher l’oscar du meilleur staff de top 14, encore un titre que Toulouse remporte face à La Rochelle et Bordeaux, la petite déclaration d’Urios nous a d’ailleurs bien manquée.
Melvyn Jaminet remporte son deuxième oscar de la soirée : meilleur joueur de pro D2, comme quoi être bon dans un championnat moins bon rapporte souvent plus qu’être mauvais dans un meilleur championnat ! Cette fois ci il avait eu le temps de se préparer, il a donc pu remercier… son club, sur l’originalité on repassera, mais il fera sûrement mieux l’année prochaine, et avec la cravate !
Antoine Dupont quand à lui ne nous déçoit jamais, il nous régale d’un doublé : meilleur international français (ou « meilleur joueur international français » pour Camille Lellouche) et meilleur joueur du top 14, et il continue à faire rêver au gendre idéal : il félicite ses adversaires et amis Anthony Jelonch et Gregory Aldritt, met en avant le collectif, les valeurs du rugby…
Antoine Dupont n’était cependant pas le seul à mettre en avant les valeurs de l’ovalie. En effet ces valeurs si souvent encensées et sacralisées étaient au cœur de la soirée puisque la Ligue nationale de rugby a décidé de remettre le prix du vivre ensemble au Restos du Coeur, reçu par Romain Colluci, fils de Coluche
Après sa médaille d’argent avec l’équipe de rugby à sept féminine lors des Jeux Olympiques à Tokyo, Séraphine Okemba remporte le titre de meilleure joueuse de rugby à 7, mais retrouve aussi quelques uns de ses amis olympiens venus remettre les titres pour l’occasion : le gymnaste Samir Aït Saïd, et la judokate Sandrine Martinet.
Le stade toulousain forme ses joueurs a gagné, mais aussi à faire des discours. Mathis Lebel, alors qu’il recevait le prix du plus bel essai – seul prix déterminé par le vote du public – avait lui aussi préparé son discours, appuyant sur la force du centre de formation toulousain. Il illustre la classe du stade toulousain : discours parfait, et gagne un oscar malgré la défaite du match face à Castres.
Bref la Nuit du rugby, c’est comme un match du top 14 : tout le monde à sa chance mais à la fin c’est Toulouse qui gagne, avec classe et en humiliant tout le monde ! Mais cette nuit l’ASM et La Rochelle peuvent se rassurer, ils peuvent perdre face à Toulouse autant de fois qu’ils veulent, ils ne seront pas aussi pathétiques que certaines tentatives d’humour manquée lors la soirée. Pour plus de suspens l’année prochaine, Canal+ devrait réfléchir à prendre en considération les propositions de récompenses de Mr Poulpe, et pourquoi pas rajouter meilleur brushing de la saison, où l’on pourrait enfin mettre fin à la rivalité Jalibert-Ntamack ou encore la déclaration la plus drôle de la saison : Urios aurait enfin sa revanche sur Mola.
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